Préhistoire

Remerciements à Monsieur Cyril MARCIGNY, archéologue demeurant à Longues-sur-Mer, qui anime cette page.

2ème article du 17.06.13

LES PREMIERS LONGUAIS (vers – 90 000 ans)

Note sur la découverte d’un biface à Longues-sur-Mer.

Le biface est un des plus anciens outils de la préhistoire. Homo Erectus, premier habitant de l’Europe, en fabrique durant toute la période du paléolithique ancien, soit dans nos régions entre – 400 000 ans et – 200 000 ans. Son successeur, l’homme de Néandertal, continue d’en fabriquer et d’en utiliser durant la période du paléolithique moyen, entre – 200 000 ans et – 70 000 ans en Basse-Normandie.

Le biface est un outil de pierre taillé et retouché sur deux faces. Sa silhouette est généralement symétrique, rappelant assez souvent la forme d’une amande. Cependant les formes et les dimensions sont variées, traduisant des différences d’usages, ou de traditions culturelles, selon les époques et les régions. Les dimensions vont de quelques centimètres à plus de vingt centimètres.

A une période où la pensée et les gestes artistiques sont encore inexistants, la forme et la symétrie très soignées de certains bifaces témoignent d’une volonté esthétique. La symétrie parfaite de certains bifaces n’a en effet pas de rôle fonctionnel évident… S’agit-il de pièces de « prestige », ou de prouesses de tailleurs ?

Malgré tout, la grande majorité des bifaces sont des outils bien utilitaires. La tracéologie (étude des traces microscopiques d’utilisation sur les tranchants) a révélé des utilisations très diverses : découpe de viande, travail de la peau, du bois, de l’os… Le biface s’avère être le « couteau suisse » de l’époque.

Le biface peut être taillé à partir d’un gros éclat de silex, et plus généralement à partir d’un rognon ou d’une plaquette. Dans un premier temps, le bloc est épannelé (suppression du cortex, enveloppe calcaire du silex) et régularisé à l’aide d’un galet, le « percuteur dur ». Le façonnage d’une préforme se fait ensuite en alternant des frappes au percuteur dur et au percuteur « tendre » (bois de cervidé, os ou buis). Ce percuteur tendre dégage des éclats plus fins et longs, ce qui permet de réduire l’épaisseur de l’ébauche. Le travail de finition se fait avec un petit percuteur tendre. Il régularise et affûte les tranchants, et donne au biface sa forme définitive. Après utilisation, le biface peut faire l’objet de réaffûtages, qui réduiront nécessairement ses dimensions, jusqu’à un éventuel abandon.

Le biface découvert à Longues, au hameau Marigny, a été façonné dans une plaquette de silex local, peut-être ramassée dans un des proches cordons littoraux. L’outil est de forme bien symétrique, et les tranchants assez réguliers ont certainement été travaillés au percuteur tendre. Le silex est altéré par une patine blanc-beige, et deux grosses cupules de gel (en blanc sur le dessin) ont entamé une des faces. Ces « cassures » de gel ne peuvent se produire que lors d’un froid très rigoureux, vraisemblablement celui de la dernière glaciation, qui s’est terminée il y a environ 10 000 ans.

En dehors d’un contexte stratigraphique, l’attribution chronologique est difficile. Cependant, certaines caractéristiques typologiques de l’objet plaideraient en une attribution à la période du paléolithique moyen, donc à l’homme de Néandertal. Ces individus ont largement fréquenté la Basse-Normandie, comme en témoignent les nombreux sites recensés.

En l’absence d’autres objets, ce biface isolé ne donne pas d’information sur le type d’occupation ou d’activité qui s’est déroulé à Longues. S’agit-il du témoin d’une simple halte, ou d’un habitat plus important ?

Une seule certitude, les hommes de Néandertal ont sans doute été les premiers Longuais !

Pour plus d’info sur le Paléolithique vous pouvez compulser l’ouvrage de Guy Verron « Préhistoire de la Normandie » aux éditions Ouest-France Université

Si vous désirez des renseignements sur une « pièce archéologique » (datation, utilisation, ..), je reste à votre disposition : Cyril Marcigny, cyril.marcigny@orange.fr

biface AP

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1er article du 15.06.13

Les journées nationales de l’Archéologie sont organisées par le ministère de la Culture et coordonnées par l’INRAP. Elles ont pour ambition de sensibiliser les publics les plus divers à l’archéologie, à ses enjeux, à ses métiers et à ses méthodes. Elles se sont déroulées du 7 au 9 juin 2013 dans toute la France  sur 545 lieux. Cyril Marcigny, archéologue et responsable scientifique de fouilles, domicilié à Longues-sur-Mer, a accepté de dévoiler le passé de nos lointains ancêtres à l’âge du Bronze.

A lire : http://sciences.blogs.liberation.fr/home/2013/06/la-propri%C3%A9t%C3%A9-du-sol-na%C3%AEt-%C3%A0-l%C3%A2ge-du-bronze.html

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