Histoire

 

 

Charles S. Dewey

A la mémoire de Madame et Monsieur Charles S. Dewey, bienfaiteurs de la commune de Longues-sur-Mer, nommés citoyens d’honneur de la commune de Longues-sur-Mer

Charles Schuveldt Dewey et son épouse Marie Suzette de Marigny Hall

Dimanche 10 septembre 1950, la commune de Longues-sur-Mer reçoit solennellement la Croix de Guerre avec étoile de bronze. Les communes d’Asnelles et de Saint-Côme-de-Fresné célèbrent avec faste le même jour la décoration militaire française.

La commune de Longues-sur-Mer profite de l’émouvante et solennelle cérémonie pour témoigner leur reconnaissance à leurs bienfaiteurs M. et Mme Charles Shuveldt Dewey (1), propriétaire de l’abbaye Sainte-Marie.

La commune a pavoisé et des arcs de triomphe chevauchent les artères principales, le monument aux Morts est décoré aux couleurs franco-américaines.

Monsieur Joseph Briard, Maire, accompagné de M. et  Mme Charles S. Dewey, accueillent en mairie les personnalités : le colonel Lang, attaché militaire à l’ambassade des Etats-Unis d’Amérique à Paris, est un officier qui participa le 6 juin 1944 au débarquement avec le VII Corps US Army à Utah-Beach, Monsieur Boivin-Champeaux, sénateur, président du conseil général du Calvados et Madame, Monsieur le Docteur Jeanne, vice-président du conseil général, Maire de Bayeux et Madame, le révérend père Aubourg, ami de la famille Dewey, Helen Kickpatrick, reporter-correspondant de guerre du journal Chicago Daily News, chef de liaison à l’information au plan Marshall, M. Albert Hélaine, président des anciens combattants…

Les personnalités, les élus et la population se dirigent vers le monument aux Morts. Après la sonnerie, le lieutenant-colonel Le Bideau lit la citation « une petite commune gravement endommagée au cours des combats des 6 et 7 juin 1944, a aidé les Alliés dans les heures qui ont suivi le débarquement et a supporté ses deuils et ses ruines avec stoïcisme. » Le colonel épingle la Croix sur le coussin tenu par Henri Ducoudray.

Joseph Briard, Maire de Longues-sur-Mer prononce son discours :

Mon colonel,

Au nom du conseil municipal et de la commune toute entière, je suis heureux de vous remercier d’avoir bien voulu venir remettre la Croix de guerre à la commune de Longues-sur-Mer, rendant ainsi hommage aux morts, aux blessés et à la population toute entière si résolue au moment des bombardements et si courageuse après la libération pour reprendre le travail dans des champs dévastés et vivre dans des maisons qui pour la plupart avaient souffert.

Mesdames, Messieurs, Chers administrés,

Toute la commune de Longues-sur-Mer est aujourd’hui réunie autour du monument aux Morts pour recevoir la juste récompense des épreuves, des peines, qu’elle a si vaillamment supportées.

Je remercie vivement les représentants des Etats-Unis, le lieutenant-colonel Lang, attaché militaire près de l’ambassade de Paris, M. Weissenburg, consul général à Cherbourg, et, les services de presse, représentée par Mademoiselle Martin.

Je remercie également Monsieur le sous-préfet, représentant du Gouvernement, le lieutenant-colonel Le Bideau, MM. Boivin-Champeaux et André, conseillers de la République, M. Triboulet, député, M. Jeanne, vice-président du conseil général, la municipalité, les anciens combattants et les mobilisés des deux guerres qui ont bien voulu par leur présence rehausser cette cérémonie.

Je remercie tout particulièrement Madame et Monsieur Dewey, et si je n’ai pas respecté le protocole, ce dont je m’excuse, c’est volontairement et avec une intention toute spéciale.

Depuis plus de vingt ans, chaque année vous venez Mme et M. Dewey passer quelques mois parmi nous. Certes, cette commune que vous avez connue vivante, gaie, a bien changé, oubliée peut-être par le ministère de la Reconstruction qui pense d’abord aux centres urbains. Elle n’a pu panser ses plaies, relever ses ruines et pourtant combien Mme et M. Dewey l’avez-vous aidée ? Vous l’avez comblé de vos dons, de votre appui et en reconnaissance, de tous les services rendus à notre commune, je me permets de vous remettre au nom de la municipalité et de toute la population, ces diplômes de citoyens d’honneur de la commune de Longues-sur-Mer. »

A la fin de la cérémonie, M. et Mme Charles S. Dewey invitent les personnalités et la population à un vin d’honneur qui est servi à l’abbaye Sainte-Marie. Monsieur Lejoux, sous-préfet de Bayeux prononce un très beau discours. Il remercie chaleureusement les propriétaires de l’abbaye de leur générosité à l’égard de Longues-sur-Mer, de leur gentillesse et de leur simplicité, et de poursuivre ses propos par une pensée aux soldats français et alliés tombés pour la Libération et associe dans une même pensée les combattants qui tombent actuellement en Extrême-Orient.

Par délicatesse le sous-préfet ne cite pas le nom du lieutenant-colonel Albert Peter Dewey, leur fils, mort à l’ennemi le 26 septembre 1945 à Saigon (2).

A son tour, Monsieur Dewey s’adresse aux habitants « ses amis et voisins ». « Il continuera à trouver beaucoup de plaisir à se trouver à l’abbaye Sainte-Marie parmi une population qu’il estime particulièrement.».  Il lève son verre à la paix et à la fraternité franco-américaine.

En soirée, le Maire et son adjoint, Monsieur le curé, M. Pieux, Instituteur-secrétaire de mairie, le R.P Aubourg et d’autres convives ont eu l’honneur de partager la table de M. et Mme Dewey à l’abbaye Sainte-Marie.

 

(1)       Né le 10  novembre 1880 à Cadiz (Ohio), marié le 20 décembre 1905 à Chicago, décédé le 27 décembre 1980. Il est inhumé au cimetière national d’Arlington, proche de Washington DC.

(2)       Sur notre monument aux Morts, une stèle rappelle la tragique disparition d’Albert Peter Dewey, tombé au champ d’honneur. Une plaque commémorative est apposée dans une chapelle de la cathédrale de Bayeux.

Jean Pierre POULET

Secrétaire de Mairie

photo de gauche : Plaque commémorative, cathédrale de Bayeux

photo de droite : Sépulture famille Dewey, Cimetière Nationale d’Arlington (Virginie, USA)

Dewey Cathedrale Bayeux Charles Dewey

LA CLOCHE DITE DE FONTENAILLES

Lors de votre visite du musée d’Art et d’Histoire Baron Gérard à Bayeux, appelé désormais le MAHB, vous y découvrirez la cloche dite de Fontenailles, de l’église paroissiale du même nom, proche de Longues. Elle attira l’attention des membres éminents de la société française d’archéologie en particulier de son fondateur le bayeusain Arcisse de Caumont vers 1850.

La cloche de Fontenailles est un rare témoignage de l’art campanaire français. Son ancienneté est incontestable, elle fut vraisemblablement coulée par un fondeur itinérant en 1202, pour l’abbaye Sainte-Marie de Longues. L’abbaye bénédictine fut fondée en 1168 par le riche seigneur du Bessin Hugues Wac. Elle sera transférée en l’église paroissiale Saint-Pierre de Fontenailles en 1761. Elle était la plus petite des trois cloches de la sonnerie de l’église avant la révolution française.

La cloche mesure en hauteur 67 centimètres de la base jusqu’au sommet du cerveau, 65 centimètres de diamètre, son poids est évalué à plus de 200 kilos. La cloche est surtout remarquable par l’inscription placée sur la partie supérieure sous la forme d’un bandeau :  

┼ XVXRXIPAT MCCII

L’interprétation est une invocation à la gloire du seigneur «  ┼ Christus Vincit, Christus Regnat, Christus Imperat, 1202 » ; « Christ vainqueur, Christ règne, Christ commande, 1202 ».

En 1858, le mauvais état du beffroi de l’église paroissiale de Fontenailles provoque la chute de l’instrument. Conscient de l’intérêt historique et archéologique, Georges Villers décide de lancer une souscription publique l’année suivante afin de récolter des fonds nécessaires à son rachat. La vénérable cloche dite de Fontenailles entre en 1859 au musée de la ville de Bayeux.

La cloche a quitté l’hôtel du Doyen pour rejoindre l’ancien Palais épiscopal et les riches collections du MAHB. Le musée bayeusain peut s’enorgueillir de posséder la plus ancienne cloche datée de France.

Jean Pierre POULET

Secrétaire de Mairie

cachet de la mairie de longues sur mer

UN SIECLE ET DEMI DE VIE COMMUNE : 1861-2011

L’exposition 150 ans d’Histoires(s) commune(s) a été présentée dans la salle des fêtes de Longues-sur-Mer du 4 au 7 septembre 2011. En raison de la disparition ou de la destruction des archives communales en 1944, nous avons consulté les archives départementales du Calvados qui ont retrouvé des documents administratifs inédits qui apportent un éclairage intéressant sur l’épisode du rattachement de Marigny et Fontenailles à Longues.

LE CADASTRE NAPOLEONIEN & LE TERRITOIRE

Les tableaux d’assemblage aquarellés du plan cadastral parcellaire des communes de Marigny, Fontenailles et Longues datent de 1808 et 1809. Ils ont été dressés très rapidement après la loi napoléonienne du 15 septembre 1807, qui est à l’origine du cadastre parcellaire français. Une campagne d’arpentage systématique du territoire débute en 1808 à un rythme accéléré. Les plans cadastraux permettent une étude des paysages, une approche sociale et économique du rapport de l’agriculteur à la terre, la répartition des bois, prés, herbages et vergers, de connaître les propriétés bâties et les cours d’eau.

Un tableau de renseignements statistiques du 13 avril 1860 dresse l’inventaire des biens communaux, la superficie et le nombre d’habitants des communes de Longues 403, Marigny 287 et Fontenailles 177. Chaque commune possède une église mais le lieu de culte principal se situe à Longues et deux écoles localisées à Marigny et Longues.

DE VIVES PROTESTATIONS A LA FUSION

Par arrêté du 17 avril 1860, le Préfet du département du Calvados, Officier de l’Ordre impérial de la Légion d’Honneur, prescrit une enquête sur le projet de suppression des communes de Marigny et de Fontenailles pour les réunir à celle de Longues.

Les habitants de Fontenailles le 9 mai 1860 et ceux de Marigny le 11 mai adressent au Commissaire enquêteur des lettres de protestation : « Nous habitants de la commune de Fontenailles protestons que nous ne voulons pas nous réunir à la commune de Longues, vu qu’eux-mêmes dans leurs réunions ne sont jamais d’accord ». Marigny émet une vive protestation  « Nous soussignés, propriétaires, cultivateurs et ouvriers, nous opposer formellement à la réalisation de ce projet, pour la raison qu’il y a toujours eu antipathie entre les habitants de Longues et ceux de Marigny ».

Le Conseil Municipal de Longues réuni en séance le 11 mai 1860 refuse le projet de fusion, « Il ne lui procurera aucun avantage réel et lui créé des charges pour l’avenir ». Les membres du conseil municipal et les propriétaires au nombre des plus hauts cotisés affirment que la commune de Longues à un intérêt contraire à la réunion projetée. Si l’administration supérieure décidait la fusion, Longues en raison de sa situation géographique, l’existence de ses établissements municipaux souhaiterait rester chef-lieu et conserver son appellation communale.

Malgré l’opposition des communes et des habitants, vu l’avis du commissaire-enquêteur, du Sous-Préfet de Bayeux, de Monseigneur l’Evêque diocésain, du conseil de fabrique de Longues,… le Préfet du Calvados décide par arrêté préfectoral en date du 12 octobre 1860 la suppression des communes de Fontenailles et de Marigny car il considère qu’elles n’ont pas une importance suffisante pour une bonne administration communale et que leurs revenus ne leur permettent pas d’assurer les services municipaux. Elles seront réunies à Longues.

La loi qui réunit les communes de Marigny et de Fontenailles à Longues du 20 avril 1861 stipule que le chef-lieu de la nouvelle commune restera fixé à Longues et en portera le nom. Les communes réunies continueront à jouir, comme par le passé, des droits d’usage ou autres qui pourraient être respectivement acquis. Les autres conditions de la réunion prononcée seront, s’il y a lieu, ultérieurement déterminées par un décret de l’Empereur.

La loi impériale de 1861 scelle le destin des trois communes littorales du Bessin.

Jean Pierre POULET

Secrétaire de Mairie

 

cachet de la mairie de longues sur mer

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